Avec le recul, on ne peut que s'étonner d'un tel tollé. Sur scène, trois femmes : la Vierge, statufiée, la Mère, Marie, et la Putain, Madeleine. Je suis une fille de joie, dit Madeleine. La joie de qui ?, répond la Statue. Au-delà de la réflexion essentielle dont la pièce participe, les dialogues, qui avaient tant scandalisé à l'époque, paraissent aujourd'hui teintés d'un humour bon enfant. Elles chantent en chœur, ces femmes meurtries, elles crient, elles insultent, elles rêvent. Elles s'expriment. Et c'est peut-être ce qui touche le plus dans Les Fées ont soif : la joie profonde et contagieuse qu'éprouvent ces femmes de pouvoir enfin s'exprimer. Denise Boucher a également fait paraître plusieurs recueils de poèmes, dont Lettres d'Italie et Paris Polaroid. --Anne-Marie Cloutier